MANEX ERDOZAINTZI

Un Problème actuel: L'ENSEIGNEMENT DE LA LANGUE BASQUE

Gure Herria 4, 1956ko Maiatza-Ekaina, 239 or.
Elgar, 1957ko urtarrila/maiatza

(Elgar-eko argitalpenean idatziriko sarrera)

Ces simples réflexions n'ont pas la prétention d'être absolues dans leur affirmation ; elles sont le fruit d'une recherche personnelle à partir d'un article. Puissent-elles ne blesser aucun de nos éminents bascologues ou eskualtzale; puissent-elles par contre inciter de nombreux jeunes, et je pense surtout aux étudiants basques des Universités ou Ecoles Normales, à réfléchir et à étudier les différents problèmes qui existent dans notre Pays Basque des Sept Provinces, afin de pouvoir, au delà des problèmes particuliers à notre Pays, embrasser les grands problèmes mondiaux et rechercher des solutions humaines. Notre monde a besoin d'esprits lucides, entreprenants, décidés et nous n'avons pas le droit de demeurer dans une bienheureuse léthargie.

Si, non ?...

F.A.E.E.

Qui n'a pas lu l'article intitulé : "Un Essai", publié tout dernièrement par Mademoiselle M. de JAUREGUIBERRY dans la plupart des journaux du Sud-Ouest? Aprés avoir dit comment "Un essai d'introduction de la langue basque pendant l'heure d'activités dirigées a été autorisé dans une école primaire de la Haute Soule" Mlle M. de JAUREGUIBERRY précise le but d'un tel essai : "Il n'est nullement question d'enseigner la langue basque à l'école primaire. Ce sont les parents, dans leurs foyers, qui en sont les vrais professeurs. L'ussage du basque, en famille n'est pas une cause de retard dans les études françaises des enfants, comme on l'a cru à tort pendant ces cinquante dernières années. La langue basque est l'un des meilleurs auxiliaires des maîtres d'écoles de nos campagnes et de nos petites villes pour défendre la correction et la pureté de la langue française contre l'argot envahissant. Il est reconnu en effet que si le français correct appris à l'école se dégrade rapidement au contact du mauvais français parlé dans beaucoup de foyers, la même dégradation ne se produit pas au contact du basque".

CARENCE DE L'ELITE BASQUE

ET UN ANTAGONISME A ELUCIDER

Je n'ai nullement l'intention d'expliquer la pensée de Mlle de JAUREGUIBERRY, encore moins de lui adresser des félicitations (cela me serait si facile et m'engagerait si peu !). En effet trop souvent l'on se contente de clamer son admiration pour l'effort réalisé par telle ou telle personne... et puis, après cela, on croit avoir accompli son devoir et à nouveau on laisse les autres se débrouiller seuls... Eh bien, une telle attitude est inadmissible et je crois qu'il importe de réagir énergiquement. Car il n'est pas normal que la grande majorité de l'élite basque se soucie si peu du maintien et du développement de la langue basque, expression vivante et originale de la pensée du peuple basque. Et je m'étonne de ce qu'il n'y ait pas eu dans le passé des personnalités basques assez marquantes, suffisamment désintéressées pour se grouper et pour mettre sur pied un Comité d'Enseignement de la lanque basque. Quelles peuvent donc être les causes d'une telle carence ?

Je voudrais pouvoir en signaler deux, afin d'alerter les esprits désireux de construire du solide. D'une part les intellectuels qui ont fait leurs études dans les Universités de France, soit d'Espagne ou d'autres pays n'ont pas su conserver l'intégrité de leur personnalité basque, qu'ils devaient enrichir mais non vider des valeurs qu'elle portait en elle. Dès lors il leur était dificile de prendre conscience de l'être basque absolument original dans son phychique. Le contact avec le peuple basque, avec tous ces travailleurs de la terre et des usines dont ils sont les fils et les petits-fils est devenu en pur conformisme et toute cette tradition orale imprégnée d'humanisme chrétien, héritée de nos ancêtres, leur devient incompréhensible. Leur vision du monde, leur façon de concevoir le sens de la vie humaine est celle reçue dans les Universités mais non celle léguée par nos ancêtres. Dès lors que leur pensée a adopté et s'est développée dans une structure différente de celle des basques (sic) demeurés au pays, la langue basque devient inutile, puisque elle ne peut plus être l'instrument capable de traduire leur pensée. Il s'agit là bien plutôt d'un phénomène psychologique que d'un refus explicite de ne pas penser en basque et de ne pas parler le basque.

D'autre part un fossé tend à s'établir de plus en plus entre la petite bourgeoisie de nos villes et les gens vivant à la campagne. Deux mentalités tendent à s'opposer :

A) Une mentalité paysanne : celle des travailleurs de la terre, qui triment toute leur vie pour gagner péniblement de quoi vivre, pour maintenir debout cet "Etchondo" qu'ils aiment et qu'ils ne voudraient, pour aucun prix, abandonner à des étrangers car ils savent que cet "Etchondo" avec tout ce qu'il renferme de valeurs matérielles, culturelles et spirituelles constitue la cellule vitale de la communauté basque. "Cette maison-souche symbolise la famille, représente la "gens" qui vit dans ses murs et autour d'eux, elle porte un nom qui affirme sa personnalité". (Marcel Nussy Saint Saëns, "Le Païs de Soule" p.71).Il faut dénoncer chez nos jeunes (surtout chez les jeunes filles) qui vont en ville, un certain complexe d''infériorité, qui leur cause les plus graves dommages au point de vue humain. Sous prétexte de vouloir accéder à un échelon supérieur (!) de la condition humaine ils ont tendance à se dépersonnaliser, à abandonner des valeurs reçues et acquises dans leur foyer pour adopter, sans aucun discernement, des sous-produits de la civilisation moderne. Sous prétexte de se mettre à la mode il ne s'agirait pas de mettre au premier plan la satisfaction de besoins secondaires. Partout et toujours l'homme devra se conduire en homme et faire passer avant tout la primauté du spirituel; l'homme devra se procurer une situation humaine dans laquelle il puisse se développer pleinement et s'épanouir selon les données de la Révélation chrétienne.

B) Une mentalité bourgeoise : celle des patrons, des commerçants, des fonctionnaires, de ceux qui exercent une profession libérale. Ils ont facilement tendance à s'installer à étendre leur culture pour le seul profit personnel ; sans souci de la partager avec les travailleurs, de se préoccuper des besoins matériels ou spirituels de tous ceux qui, comme eux, portent marqués sur leur visage les traits caractéristiques de notre race, d'apporter remède aux malaises sociaux dont la solution exige la collaboration de tous. Il y a aussi chez eux une grande négligence dans la question de l'enseignement de la langue basque. En effet on remarque que la presque totalité de la jeune génération de ceux qui sont nés après 1940 ne sait pas parler basque, alors que leurs grand-parents connaissent le basque. "Au cours d'une seule génération, deux tout au plus, nous voyons autour de nous disparaître à tout jamais, dans beaucoup de foyers de nos petites villes le précieux héritage du passé gardé oralement jusqu'à nos jours, et qui ne peut se transmettre qu'oralement dans sa pureté et son intégrité. Nous ne possédons pas assez de signes alphabétiques paur traduire tous les sons de la prononciation basque" (Mlle M. de JAUREGUIBERRY, in art. cit...). Les parents sont donc responsables de la disparition progressive de la culture basque dans nos petites villes, qu'ils n'ont pas su d'ailleurs remplacer par quelque chose d'aussi valable. De là est issu chez les citadins un certain esprit de supériorité et de dédain vis-à-vis des gens de la campagne qui parlent parfaitement le basque et un français de plus en plus correct. Ainsi l'atteste Mlle M. de JAUREGUIBERRY dans son article cité plus haut : "On a maintes fois remarqué lors de examens du certificat d'études à Tardets que ce sont souvent les enfants de la campagne, que ne parlent que le basque chez eux, qui font les meilleurs, les plus jolis devoirs de français: ce qui es assez logique. Ils ne connaissent que le français grammatical appris à lécole qu'ils enrichissent de tout le savoir et des nuances que renferme leur langue maternelle".

UNE ELITE NOUVELLE

Ils sont de plus en plus nombreux les étudiants basques d'Universités, issus soit de la campagne, soit de la ville, qui ont pris conscience de l'existence d'une personnalité basque, qui veulent approfondir la culture basque et travailler dans une étroite collaboration à l'enrichir et à la développer. Mais cet effort ne doit pas se contenter d'une étude superficielle de l'histoire ou des diverses formes d'expression de l'âme basque. Il faut à tout prix assimiler toute notre culture; apprendre à penser en basque et à s'exprimer en lanque basque. Il n'y a pas de doute que cela demandera l'effort gigantesque de toute une vie, de toute une génération de jeunes basques (sic) décidés à dépasser par le fait même à supprimer, cet antagonisme existant (de deux mentalités qui s'opposent) qui se situe à l'encontre de tout effort positif et qu'il faut, à tout prix, dénoncer au risque sinon de compromettre l'avenir du peuple basque. Ensemble ils doivent travailler au renouvellement d'une culture commune qui doit être enrichie de toutes les valeurs redécouvertes par la pensée contemporaine et qui doit nous rendre capables de nous insérer dans la civilisation technique, sans pour autant nous dépersonnaliser. C'est la seule condition qui actuellement se présente comme capable de pouvoir sauver l'homme basque et d`assurer l'existence à cette culture authentique qui demeure vivante dans nos foyers des Sept Provinces et qui est "une vie de l'esprit centrée sur une doctrine fondamentale du monde, de l'homme et de la vie ; une vie de l'esprit dont toutes les manifestations puisent leur inspiration dans cette Vérité Centrale (Culture métaphysique dont le centre est le Dieu qui s'est inséré dans l'histoire et qui re-situe dans son sens véritable tout le monde du créé), s'efforcent de l'exprimer et de la traduire, chacune dans son domaine et avec sa langue propre" (Henri Davenson, "Défense de la culture et liberté de l'esprit" dans la revue Esprit 1 Nov. 1936, p.243).

Pour entreprendre une telle tâche et la mener à bien il faut des esprits assez libres, c'est-à-dire suffisamment dégagés de tout a priori ou préjugé, afin d'exercer pleinement les facultés de connaissance et de jugement, sans se situer à la remorque de certains dictateurs de la pensée qui, se croyant être les maîtres incontestables, voudraient imposer telle ligne de pensée générale. Il faut des esprits entreprenants, capables de poursuivre le travail commencé par des générations précédentes ; de s'atteler tous les jours à un long travail ingrat et de futile apparence. Il faut des esprits qui croient à leur mission de diriger un peuple ; qui assument toutes leurs responsabilités, s'engagent à mener la lutte et aient la volonté d'être quelqu'un, d'aboutir à quelque chose. Il faut des esprits lucides qui sachent que pour mener une action efficacement, l'effort doctrinal de pensée est indispensable. Passer de la théorie à la pratique est un art difficile, mais faire de la pratique sans aucune base doctrinale c'est construire sur du sable, c'est tout simplement perdre son temps. Il faut des esprits ouverts, capables de dialoguer avec les différents raprésentants des diverses cultures, capables de comprendre les aspirations légitimes de jeunes nations qui aujourd'hui voudraient disposer d'eux-mêmes et faire l'experience de leurs propres virtualités. Il ne faut pas se révolter en face de la réalité, qui n'est pas triste mais qui est vie; et cette réalité d'aujourd'hui c'est que "L'univers de nos pères s'efface. L'Europe, hier encore reine de la planète, n'est plus qu'un problème douloureux, une femme mûre inquiète entre deux jeunes géants. Elle a gaspillé ses ressources et son domaine se restreint. Aprés l'Amérique, l'Asie répudie le colonialisme. L'Islam s'exalte, l'Afrique noire, lentement s'éveille. Un monde nouveau prend naissance dans une inquiétude, faustienne, traversé de douleurs aigües" (Hubert Deschamps, "La fin des empires coloniaux", p.5). Nous ne refusons pas ce monde nouveau; nous croyons que nous y avons notre place, notre rôle à jouer, celui de lui donner un sens chrétien. Pour une telle besogne, il faut se préparer, former des hommes.

Dans les limites de notre pays, constitué de sept provinces, nous devons déceler les forces vives existantes, les regrouper et ainsi susciter tout un mouvement culturel et spirituel spécifiquement basque, qui s'insère dans l'effort général d'une prise de conscience nationale pour créer un "monde uni dans une coopération fraternelle (et libre) de toutes les races, de tous les continents" (Hubert Deschamps, op.cit..., p.127). Il s'agit, chez le peuple basque, de la prise de conscience de tout un peuple ethniquement différencié, original, ayant une même civilisation, ayant une même façon de penser, possédant la même culture. Pour éveiller la conscience commune de tous les Basques, il faut agir, et pour agir efficacement il faut s'organiser.

CREATION D'UN COMITE D'ENSEIGNEMENT

DE LA LANGUE BASQUE

Pour que cet "ESSAI", réalisé par Mlle de JAUREGUIBERRY durant cette année scolaire dans une école primaire de la Haute-Soule, s'étende à toutes les écoles primaires du Pays Basque (sic); pour que l'enseignement du basque devienne obligatoire et se fasse d'une façon régulière dans toutes les écoles libres de filles et de garçons du Pays Basque (sic), je suggère la création d'un Comité d'Enseignement de la Langue Basque qui soit :

1. Juridiquement établi et reconnu, afin qu'il puisse agir librement, efficacement et méthodiquement selon un programme rationnel, adapté aux divers degrés de l'enseignement.

2. Dynamique : c'est-à-dire qui ne se contente pas d'inscrire sur du papier des projets jamais réalisés; qui sache à partir de la théorie aboutir à la réalisation d'un plan de travail défini, au contrôle des résultats obtenus, à la révision des méthodes employés.

3. Ouvert : pas d'exclusivisme ou d'idée préconçue, mais capable de recevoir des remarques ; d'accepter des critiques; de tenir compte des suggestions; de repenser, selon les époques, les milieux et les lieux, les principes d'action en fonction des besoins du moment. Comme tout organisme vivant qu'il soit capable de se transformer, de toujours mieux s'adapter et adopter des méthodes plus pédagogiques et plus perfectionnées.

Ce comité devra :

1. Susciter chez les jeunes basques (sic) un grand attachement à leur pays, à leur peuple, à leur "etchondo", à des valeurs innées que l'on porte en nous (Sagesse, Justice, Foi, Sens de l'humain et du divin), à tout l'héritage culturel et spirituel légué par nos ancêtres que nous ne voulons et ne devons, pour aucun prix, laisser disparaître au risque sinon de vider de sa vie toute la Personnalité basque.

2. En organisant durant l'année des conférences faites en langue basque par des personnalités compétentes (comme cela se fait à Paris), entreprendre un effort culturel qui permettra aux basques (sic) vivant soit en ville soit à la campagne, de prendre conscience de leur être basque, de leurs richesses propres; qui leur permettra aussi d'élargir leur vision du monde qui doit dépasser les frontières territoriales, en prenant connaissance des idées et des mouvements qui mènent les peuples de la terre, s'intéressant au réveil de jeunes nations qui veulent atteindre leur majorité, saisissant les indices qui permettent de déceler la formation d'une civilisation nouvelle, celle du travail. Toute cette éducation des esprits, tout cet enrichissement de l'âme basque ne peut que favoriser le développement d'une culture, laissée trop longtemps à l'état de friche. De cette façon le peuple basque n'éprouvera aucune difficulté à s'insérer dans cette nouvelle civilisation, tout en conservant sa Personnalité originale et exerçant une heureuse influence.

3. Promouvoir et favoriser l'enseignement de la langue basque qui est le véhicule des valeurs d'une nation, d'un peuple, d'une race. Le basque est pour nous l'expression vivante de notre pensée. D'une langue de Musée, uniquement étudiée par des esprits scientifiques, nous n'en voulons pas. Nous voulons que le basque demeure la langue vivante du peuple basque; il ne doit pas disparaître. Dès lors un enseignement méthodique; scientifique, assuré par l'école, s'impose parallèlement à celui assuré dans la famille par les parents. Il faut que l'élite intellectuelle basque qui s'accroît sans cesse forme une masse unie et agissante en faveur de l'enseignement de la langue basque qui doit demeurer, pour nous basques (sic), la langue de culture: penser en basque et s'exprimer en langue basque. A cette fin il est nécessaire, d'une part, d'utiliser tous les moyens que nous offre la techique moderne. D'autrepart, il faut arriver à monter dans chaque village une bibliothèque de livres et de revues basques. Il n'y a pas de doute que chez nous la diffusion de presse reste déficiente, et Dieu sait quelle influence peuvent exercer la lecture et le cinéma sur la formation des enfants, des adolescents et des jeunes !

Un premier travail d'essai de l'enseignement de la langue basque et un effort pour rendre l'opinion publique favorable à un tel problème ont été réalisés grâce à des initiatives privées. Il reste à présent à organiser de tels efforts.

C'est pour nous un devoir de conscience d'alerter les esprits, plus particulièrement ceux qui sont aujourd'hui et ceux qui, demain; deviendront les responsables de la destinée du peuple basque au sein de la nouvelle civilisation. C'est un devoir de stricte justice que de travailler à maintenir l'intégrité de la Personnalité basque avec toutes les valeurs, les possibilités de vie qu'elle porte en elle, de l'enrichir et de la développer.

De ce devoir, de cette responsabilité qui nous incombe, en avons-nous pleine conscience? Si, oui, qu'attendons- nous pour agir ? Si, non ?...

NOTE

On me reprochera peut-être d'avoir composé cet article en français. J'en ai décidé ainsi à cause de tous ceux qui s'intéressent aux questions basques et qui n'ont pas le privilège de comprendre la langue basque et qui, s'ils la connaissaient, seraient sans doute les premiers à la parler sans pour autant en ressentir je ne sais quel mauvais complexe d'infériorité. Nous pensons que le problème de l'enseignement de la langue basque et de son développement les intéresse et nous croyons que dans cette tâche ils ont leur part à porter :

- soit en alertant les esprits et en éduquant l'opinion publique (par des écrits, par des conférences, des rencontres...) en faveur des langues régionales et en créant un courant intellectuel favorisant leur développement.

- soit en aidant financièrement la publication de manuels scolaires, d'illustrés pour enfants, de livres pour les adultes; l'utilisation dans nos écoles des découvertes de la technique moderne, ce qui premettrait de résoudre certaines difficultés.

Ce serait là l'une des mailleures façons de témoigner leur attachement et leur sympathie au peuple basque, à sa culture, à sa langue. Nous comptons sur leur généreuse collaboration.

F.A.E.E.

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